Francis Lomami Eliya plaide pour un tshisekedisme originel et constructif !

Tribune de Sammy D’elsan Bialu Kalambayi 

« Un peuple a besoin d’un éveil de conscience dans la marche vers sa libération. C’est ainsi qu’il deviendra acteur de son histoire et non un simple consommateur ». Dr Étienne Tshisekedi

Pour cerner et appréhender la démarche et les actions de Mr Francis Lomami Eliya, que nous mettons ici en exergue, en vue de capter ses convictions idéologiques, ainsi que son courant politique au sein de l’UDPS, l’approche analytique nous a été d’une grande utilité.

Un activisme débordant dans les réseaux sociaux

A l’écoute de la sagesse politique de son père spirituel

Véritable manipulateur de l’arme numérique, grâce à ses comptes hyperactifs, notamment Instagram et Facebook, membre influent de la diaspora congolaise au continent américain, Francis Lomami Eliya est en passe de devenir un fervent adepte du Tshisekedisme originel. Par Tshisekediste originel, ou conservateur, nous sous-entendons que ce dernier fait partie  des militants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, « UDPS en sigle », qui s’inscrivent dans l’orthodoxie Tshisekediste, laquelle se caractérise par le refus tous azimuts des compromissions pouvant entacher l’engagement dans le progrès social, dans l’attachement à la bonne gouvernance, dans la lutte contre la corruption, dans la foi inébranlable à la lutte non armée, ainsi que dans les vertus de la démocratie et d’un Etat de droit.

Etant donné que la lutte démocratique de ce parti s’inscrit dans une logique pacifiste, qui inclut la non-violence, comprise par Edmond Jouve comme le prolongement d’une quête de paix et de résolution de conflits sans recourir à la violence, dans un cadre national ou international, tel que mise en pratique notamment par Mahatma Gandhi, ou Martin Luther King. La foi dans la lutte démocratique de ce Pasteur Baptiste, Prix Nobel de la paix, est palpable à travers ses propos suivants : J’ai essayé d’embrasser un pacifisme réaliste qui voit dans ce concept le moindre mal, du moins dans les circonstances actuelles.

Ce leader de la conscience noire était en effet persuadé que la non-violence, après avoir été la réponse idoine au besoin d’affranchissement des peuples noirs, peut également répondre aux ententes de l’humanité toute entière ». Quant au Dr Etienne Tshisekedi, celui-ci nous dit : « Quelle que soit l’extrême âpreté des épreuves, votre ardeur à défendre, contre vents et marées, la justice et l’honnêteté politique doit demeurer ferme ».

 

Dr Etienne Tshisekedi d’heureuse mémoire, dans ses œuvres de conscientisation politique.

Le caractère pacifiste de l’UDPS n’est donc plus à démontrer; et son courant conservateur prend de plus en plus de l’ampleur, à travers un processus de désenchantement notoire, qui est palpable au second et dernier mandat de l’actuel Président de la RDC. Cette tendance s’oppose vigoureusement à celle qui prône la realpolitik, qui estime que l’UDPS doit composer avec les politiciens de tout poil, dans le chef de préserver l’unité nationale, et surtout, le pouvoir sans cesse rêvé.

Préoccupé par la vulgarisation des idéaux des pères fondateurs de l’UDPS, chaque 24 heures, Francis Lomami Eliya poste au moins un article faisant l’apologie de la moralité publique, en vue d’interpeller l’ensemble de la société nationale congolaise en général, ainsi que de sa propre formation politique en particulier, sur les conséquences de l’irrationalité collective qui installe ses pénates dans la gestion de la res publica, et qui met sous hypothèque l’avenir de la société congolaise toute entière.

Un scribe fécond

De la révolte à la révolution, juste un pas à franchir.

Même en faisant de longues études, la réussite dans la vie reste une question de talent. A ce propos, le Dr Etienne Tshisekedi disait: « le diplôme qu’on obtient à la fin d’un cycle d’études n’est qu’une prétention de savoir dans la vie; et lorsque nous allons à l’école, ce n’est pas pour devenir intelligent, mais c’est pour mettre nos capacités innées en évidence. La publication d’une centaine d’écrits moralisateurs par Mr Francis Lomami Eliya relève effectivement de ses capacités innées, ainsi que de sa passion pour l’écriture. Et le fruit de cet effort est vraiment palpable. Car, petit à petit, le rôle rectificateur qu’il s’est octroyé commence à rencontrer l’assentiment d’un nombre non négligeable des Tshisekedistes, surtout ceux qui ne se sont pas retrouvés dans le partage du pouvoir, ou qui ne retrouvent pas les orientations reçues de leur lider maximo dans l’approche de gouvernance de l’actuel Président de la République Démocratique du Congo.

Est-ce que ce nouveau redresseur de torts pourrait réussir son pari, quand on sait que d’autres avant lui se sont cassés les dents ? A ce qu’on sache, ses foucades n’obéissent pas à une humeur conjoncturelle, mais se meuvent dans l’intemporalité. C’est pourquoi ses actions séduisent déjà les fréquentateurs des structures de l’ombre de l’UDPS, notamment les parlementaires debout et autres sociétaires des ASBL affiliées à ce grand parti de masse.

In fine, les messages de cet analyste perspicace commencent à être perçus 5/5 par un grand monde, en dépit du fait que les réseaux sociaux restent pour le moment sa seule aire opérationnelle. Ainsi, le souhait de ses multiples abonnés serait que cet activiste politique pertinent puisse élargir son champ d’activité, de manière à permettre à toutes les parties prenantes d’avoir accès à la quintessence de son discours favorable à un retour aux sources, en vue d’engranger le développement et le progrès social en RDC.

 
Le ciblage des excès

Dr Etienne Tshisekedi disait à bon escient que «la corruption est un des maux les plus profonds qui rongent notre société. Il importe, et cela par tous les moyens, de combattre ce mal ».

Ayant bien assimilé cette leçon, Francis Lomami Eliya dénonce systématiquement ce fléau, lorsqu’il est perpétré par ses camarades du parti, voire par tous ses compatriotes. Pour ce censeur inflexible, personne n’est pas au-dessus de la loi, même pas le « premier des congolais ». Ses observations pertinentes, voire téméraires, qui ciblent l’immoralité de certains détenteurs du pouvoir public, suscitent étonnement et admiration, d’autant plus que sa prime motivation est celle de contraindre les cadres de son parti, occupant des postes institutionnels et publics, à appréhender l’impact négatif de leur comportement malveillant sur l’image de la lutte de l’UDPS pour l’instauration de la démocratie et d’un État de droit.

A ce sujet d’ailleurs, le Dr Etienne Tshisekedi avait affirmé qu’un État de droit est celui qui est régi par des lois auxquelles tout le monde doit se soumettre. C’est un État où personne n’est au-dessus de la loi». Aux États-Unis par exemple, le milliardaire Donald Trump, ancien président des États-Unis, et candidat républicain au prochain scrutin présidentiel, vient d’être condamné pour divers griefs, passibles d’une peine d’emprisonnement.

Dans ses décryptages quotidiens des faits qui entachent la moralisation de l’espace public et politique, nul n’est épargné : les hauts cadres du parti, les membres de la famille présidentielle, les dirigeants de la société civile, les hommes de l’église, les intellectuels de tout bord, les artistes, les entrepreneurs, les opposants, sans omettre les grandes puissances internationales. Ses cibles sont toutes les personnes ayant pignon sur rue, qui entrent dans son collimateur par le fait de leurs comportements jugés nocifs à la nation congolaise.

Une autre donne observable dénoncée avec véhémence par Francis Lomami Eliya se trouve être la fragmentation du gouvernement, à travers la multiplication des ministères, juste pour permettre à toute tendance politique alliée au pouvoir UDPS de prendre part au partage du gâteau. Cette pratique budgétivore trouve son prétexte dans la porosité de la Constitution en cette matière. En effet, la loi fondamentale actuelle de la RDC reste muette sur la taille du gouvernement, et sur son découpage interne, encore moins sur les différentes instances y afférentes.

Cependant, les adhésions massives au sein de l’Union Sacrée, considérée comme la cheville ouvrière du pouvoir UDPSien, suscitent quelques étonnements. L’UDPS, le parti cher au Dr Étienne Tshisekedi, qui était complètement infréquentable il y a une décennie, est subitement devenu la poule aux œufs d’or. Quoique les adhésions dans un parti politique soient libres et volontaires, elles doivent être motivées plus par un choix idéologique, que par une intention mercantile.

C’est pourquoi ce rush sans relâche vers la 12eme rue Limete s’apparente à bien des égards à une distraction du genre « Le Corbeau et le Renard », dès lors qu’en RDC, les partis politiques constituent, aux yeux de leurs adhérents, une sorte de tremplin pouvant les aider à assurer leurs desseins lucratifs. Cet engouement intéressé autour du président Félix Antoine Tshisekedi, qui apparaît désormais comme « l’arbre qui cache la forêt », devient alors un couteau à double tranchant.

Un contradicteur résolu
Dr Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, en mode grand tribun, en train de s’adresser à ses militants.

Dr Etienne Tshisekedi Wa Mulumba disait à propos de ces alliances contre nature : le MPR représentait le mal. Il n’est pas possible qu’ensemble avec l’UDPS, nous puissions produire du bon travail. C’est un peu comme un bon fruit et un fruit pourri. Il n’est un secret pour personne que le mauvais fruit finit toujours par corrompre le bon fruit. Le résultat, vous voyez, ce sera de la pourriture.

Eu égard à sa farouche et permanente détermination à vouloir en découdre avec les nostalgiques du mobutisme, Francis Lomami Eliya reste en permanence concentré sur son objectif opérationnel, celui d’amener les Tshisekedistes à revenir aux fondamentaux ayant fait le lit de la lutte glorieuse des années septante dix et quatre-vingt-dix.

Comme le disait le professeur Masegabio Nzanzu, dans son hommage à Tchikaya U Tam’si, publié dans la revue littéraire » La Plume vivante », les relations entre ce poète et ses amis semblaient mi-figue, mi-raisin. Cette situation paraît très proche de celle de Francis Lomami Eliya, qui apparait de nos jours solitaires dans son combat contre le déviationnisme au sein de l’UDPS. Mais en dépit de tous les coups de Jarnac portés contre lui par ses adversaires ou ennemis, il reste toujours droit dans ses bottes.

On perçoit en effet dans son chef un moral d’acier, ainsi qu’un tempérament de gladiateur. Cela se sent surtout dans ses répliques aux attaques tendant à déprécier son travail politique. La patience et le flegme déployés par ce combattant qui vitupère en permanence les phénomènes qui minent la gestion de l’État congolais fait de lui un de grands épigones du sphinx de Limete. Ses prises de position, toujours dans l’optique de redresser la barre du « bateau ivre », font foncièrement de lui un grand dispensateur des informations utiles à la bonne gouvernance.

Les divergences: un ferment de la pure doctrine mais…

Avec le deuxième mandat de son camarade de lutte Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, ce dialecticien austère a complètement basculé dans le « Tshisekedisme conservateur ». Comme d’aucuns le savent, les tenants de cette thèse paraissent hostiles à toute démarche contraire à l’esprit et aux enseignements reçus du Dr Étienne Tshisekedi Wa Mulumba d’heureuse mémoire, démarche que nombre d’entre eux considèrent comme un déviationnisme très proche de la trahison.

Ya Tshitshi et Fatshi, présidents de l’UDPS, de père en fils !

Dans l’UDPS, Beaucoup de cadres se sont butés à ce malentendu, qui s’était parfois mué à leur marginalisation politique, voire à leur exclusion, mieux, à leur auto-exclusion, selon le terme consacré. Du vivant du lider maximo, les querelles internes avaient bien cours au sein de son organisation politique, mais celles-ci mettaient rarement en cause son leadership. Souvent, ces combats idéologiques tournaient autour du positionnement dans les structures du parti, ou sur le respect de l’engagement politique de tout un chacun, rempart indispensable vis-à-vis du débauchage et du retournement de veste des militants et cadres UDPS, très convoités à l’époque par les différents pouvoirs en place, cette façon de faire étant considérée comme une stratégie de déstabilisation du parti cher au sphinx de Limite.

Après la mort du président fondateur de ce parti précurseur de l’opposition en RDC, aujourd’hui au pouvoir, l’on se rend compte que les manifestations d’humeur internes n’épargnent plus le leader. A la moindre escarmouche, la base monte au créneau pour contredire, ou contrarier certaines orientations prises par le successeur de leur leader charismatique.

Le cas le plus flagrant, qui montre à suffisance l’emprise des militants de l’UDPS sur la hiérarchie, avait été observé lors de la signature de l’accord de Genève, désignant Martin Fayulu Madidi comme le candidat commun de l’opposition pour les élections présidentielles de décembre 2018.

En effet, la signature Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo en faveur de ce modus vivendi avait aussitôt été remise en cause par la base et par le Comité exécutif du parti, qui avaient à l’époque donné injonction à leur président et candidat Président de la République aux élections de 2018 de se retirer de ce deal suspect. Bien que cette stratégie ait eu un impact positif, puisque la réorientation stratégique qui s’en était suivie a amené le candidat désigné de l’UDPS aux élections présidentielles de 2018 à la victoire, une nouvelle forme de résistance avait pris forme au sein du parti au pouvoir. Et à l’heure actuelle, c’est le Doctorant Francis Lomami Eliya qui s’avère être la figure de proue de cette prise de conscience, qui clame l’urgente nécessité de ramener à la surface la vision ayant été le soubassement idéologique de l’UDPS.

Comme l’affirment certains penseurs, la grandeur d’un parti de masse se manifeste par sa guerre idéologique interne. Cela veut tout simplement affirmer qu’aucun parti de grande envergure, créé par un leader charismatique et idéologue, ne peut s’empêcher de connaitre une confrontation idéologique interne, qui devient bénéfique au groupe, si chacun de ses adhérents en tire profit, mais s’en tient, au finish, à sa compréhension des idées du guide.

Un véritable héros dans l’ombre

Un véritable héros dans l’ombre

Aujourd’hui, la fracture entre les instances dirigeantes de l’UDPS et les militants lambda devient la pierre d’achoppement de la cohésion et de l’harmonie au sein du parti au pouvoir.

Ainsi, le précité se présente aujourd’hui comme le nouveau porte-voix désireux de redorer le blason doctrinal terni de l’organisation politique laissée par Etienne Tshisekedi Wa Mulumba. Ses réflexions, sa méthode de travail, ainsi que sa stature morale semblent plus agissantes que les approches des autres rectificateurs, qui se sont engouffrés dans la haine et dans la violence verbales, une haine et une violence verbales qui frisent la quête du sensationnel.

Le travail de M. Francis Lomami Eliya, qui s’incruste dans la moralité et dans la rationalité politiques, devrait en principe conduire à un débat visant à rendre à l’UDPS son orthodoxie idéologique d’antan, qui fait grandement défaut à certains de ses cadres actuels, des cadres qui naviguent à vue, prêts à caresser même le diable dans le sens du poil, afin de préserver leurs intérêts personnels. Par voie de conséquence, le redressement disciplinaire et idéologique devient une exigence impérative au sein de cette organisation politique, en vue de provoquer un sursaut vers l’ordre et l’organisation adéquate des activités du parti, selon les prescrits statutaires et règlement intérieur. Ce serait là la seule façon valable pouvant concourir au soutien des actions du Chef d’État.

Ce qui est vrai, le doctorant Francis Lomami Eliya a toujours fait montre d’une extraordinaire pugnacité dans la défense de ses convictions politiques, même pendant les moments les plus tourmentés de l’histoire de l’UDPS, où le choix de suivre les idéaux du leader de l’opposition congolaise exposait ses disciples à de pires sévices moraux et corporels, celui-ci se dressait toujours debout, les mains haut levées, pour défendre la ligne politique définie par la direction politique de son parti.

Toutefois, en tant qu’un activiste difficile à enfermer dans une caverne, il n’a jamais hésité à suggérer à son camarade de lutte, devenu président de la RDC, la politique de la chicote et de la carotte, sous le prisme d’un étatisme autoritaire. Comme l’ont dit Bertrand Badie et Pierre Birnbaum, l’État comme outil par excellence du changement social pour transformer la société implique de s’emparer pleinement des prérogatives régaliennes. Même le progrès social, qui apparait en RDC comme une exclusivité du parti d’Etienne Tshisekedi, nécessite une quête absolue de l’Imperium. Mais connaissant bien les susceptibilités qui rongent la classe politique congolaise, cet appel au durcissement de ton adressé à Fatshi-Beton équivaut d’ores et déjà à l’envoi aux gémonies de son émetteur.

Fossoyeur du pouvoir de Felix Antoine Tshisekedi ?

La moralité et la rationalité, qui se présentent comme la thématique préférée de Francis Lomami Eliya, ne servent qu’à repérer le manque criant d’orthodoxie idéologique dans le chef de certains cadres de l’UDPS, ainsi que dans celui des collaborateurs directs et indirects du chef d’État, et non d’une volonté manifeste de tirer à boulets rouges sur le leader de l’Union Sacrée.

Ainsi, son audience va crescendo, dans la mesure où certains Tshisekedistes mécontents et autres militants rétifs au révisionnisme qui a actuellement cours dans la cour du roi commencent à être attentifs à son credo. Car, l’idée d’un déploiement d’un étatisme autoritaire qui affecterait positivement les mentalités gagne du terrain et pourrait avoir comme résultat le dépérissement d’une classe politique trop encline aux conciliabules, et aux raccourcis politiques.

Soyez clarifié et fixé

Afin de fixer l’opinion publique sur ses véritables desseins, Francis Lomami a fait la confession de foi ci-après :

Moi, Francis Lomami Eliya: «je ne suis pas un opposant à Félix Tshisekedi, mais un proposant. Un dur proposant ! Mon objectif jusque-là n’est pas son départ du pouvoir mais le durcissement moral de son leadership pour la RD Congo. Je suis un Tshisekediste et un révolté Kongolais. Ma révolte est moraliste-rationaliste.

Bien que je soutienne des approches rationalistes par nécessité, je suis profondément convaincu que plus de moralité est la solution pour sortir le Congo de ses incapacités et faiblesses. Si vous faites de l’opposition basée sur la haine et la destruction de Félix Tshisekedi, ne comptez pas sur moi pour assouvir vos pulsions et arriver à vos objectifs.

Tant mieux si parfois vous vous retrouvez dans certaines de mes publications. Je ne les fais pas pour plaire et déplaire à qui que ce soit.

Avec cette approche, ce penseur de bon aloi commence à gagner du terrain, et à séduire même les militants au départ sceptiques.

Trop de rectification de la pensée originale pour la substituer par des conceptions vagues et générales devient un danger pour le parti ! Il est clair comme l’eau de roche que l’UDPS n’a pas réussi à s’investir dans la formation idéologique. Pendant qu’elle est aux affaires, la philosophie des pères fondateurs n’est même pas enseignée tel qu’il se doit aux membres. Même l’histoire de l’UDPS semble être méconnue par la jeunesse du parti, toutes les activités politiques tournant autour de l’actualité. C’est le cas notamment de ces matinées politiques qui sont devenues une sorte de causerie morale.

En tout cas, la présence de l’UDPS au pouvoir n’a pas du tout favorisé le volet idéologique, qui est réduit à la portion congrue, au bénéfice de plusieurs autres pensées et idées surprenantes, parfois contradictoires, voire antagonistes, qui sont actuellement développées au sein du parti, de la base au sommet. Au nom du réalisme politique, on tend à signer l’attestation de décès du Tshisekedisme, galvaudé et tronqué par l’opportunisme, qui devient alors le vrai mode opératoire de la plupart de gens autour du chef.

La guerre des factions fait tellement rage qu’elle est en train d’annihiler toute initiative de vulgarisation du bilan du premier mandat de Fatshi. Cette tâche ingrate est laissée à de vrais Tshisekedistes, dont notamment M. Francis Lomami Eliya, et dans une certaine mesure, Mr Yannick Lutadila, qui mettent souvent avantageusement en avant plan les prouesses économiques, diplomatiques et politiques réalisées par le Chef d’État, après avoir arraché l’Imperium à ses anciens associés politiques, et stabilisé la nation, avec la rupture de la coalition FCC-CACH.

Et en dépit des attaques fréquentes dont il fait l’objet, cet homme entier continue à enseigner sans barguigner la culture politique prônée par le feu Dr Étienne Tshisekedi. Toutefois, il sied de préciser que Francis Lomami Eliya n’explique pas de manière claire comment on peut aider le Président de la République à avoir une emprise idéologique sur la classe politique actuelle sur base du Tshisekedisme, un concept qui prend maintenant un relent empirique, puisque n’ayant pas été dogmatisé, ni enrichi par des postulats forts, pouvant être exploités lors des débats contradictoires avec les analystes de divers horizons, notamment les néo-mobutistes et les Kabilistes, pour ne citer que ceux-là.

Les partisans de ces régimes caractérisés par un état de non droit, et une absence d’idéologie politique avérée, s’étaient appliqués à diaboliser, et la vision, et la pensée du docteur Etienne Tshisekedi, jugé à l’époque comme l’origine du blocage politique du Congo, eu égard à son intransigeance idéologique, et à sa personnalité impénétrable, que ses adversaires trouvaient d’ailleurs mitigée.

Un travail bien fait mais à formaliser

Tout démontre maintenant que le travail de Francis Lomami Eliya est une démarche de bon augure, tendant à recentrer l’action politique de l’actuel Président de la République vers sa vision de départ, héritée de son père et mentor politique, qui finalement se résumait en ces trois mots simples : « Le peuple d’abord ». Et ce, en vue de sauver le second mandat de Fatshi, qui démarre par des turbulences saugrenues du genre coup d’État manqué de Christian Malanga, un révisionniste néo-mobutiste patenté, qui affirmait vouloir ressusciter le « mobutisme », avec en corollaire le nom Zaïre, ainsi que les insignes ayant marqué ce régime qui avait fait de la répression et du matraquage des opposants son cheval de bataille.

Ce coup d’État manqué, fomenté par cet opportuniste le jour de la Pentecôte a été qualifié par Francis Lomami Eliya de la manière ci-après : C’est ce qu’on appelle de la vraie folie politico militaire et une stupidité mortelle. Le déficit d’éducation et de culture politiques peut vous faire tuer. Au Congo, on aura tout vu ! Tout ça c’est parce que certains croient que prendre les armes, c’est le moyen le plus rapide de se retrouver vite en politique congolaise et de commencer aussi à faire de l’argent facile.

Le souci de ce penseur impénitent n’est donc pas celui de tancer Fatshi, mais plutôt d’amener l’ancien Président de l’UDPS, actuellement Président de la RDC, à léguer à la postérité un héritage politique en rupture avec les anti valeurs.

Des posts prophétiques

« Prevention is better than cure », (La prévention est mieux que la réparation des conséquences d’un dommage) a affirmé un sujet de sa Majesté britannique. A ce jour, si aucun combattant de haut rang n’intervient courageusement pas pour faire bouger les lignes au sein de l’UDPS, peu importe les groupes politiques qui triompheront dans la guéguerre interne de ce parti historique et emblématique, à la moindre perte de l’Imperium, ce ne serait pas la floraison de l’été qui l’attend au tournant, mais plutôt une nuit polaire, glaciale, sombre et rude. C’est sûr et certain que l’UDPS subira les contrecoups de ses 10 ans de gestion de la Res Publica, non seulement en termes de persécution, mais surtout en ceux de mise au ban.

En effet, après le deuxième mandat consécutif de « Fatshi Béton », tous ses adversaires, connus, inconnus et méconnus, vont se liguer contre lui pour l’empêcher de s’installer encore dans la durée au pouvoir. En guise de palliatif à ce désordre politique apocalyptique qui sévit au Congo-Kinshasa depuis la nuit de temps, Lomami Eliya n’a pas hésité à recommander la domination de l’UDPS comme parti de masse. En effet, l’émergence d’un parti dominant de masse, du genre ANC en Afrique du Sud, devient une nécessité en RDC. D’après lui, l’étatisme autoritaire devrait s’appuyer sur une formation politique rigide, qui pourrait assurer et préserver l’intérêt général, même en cas d’alternance politique.

Quand l’UDPS rendra le tablier à la fin du dernier et second mandat de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, non seulement qu’il n’y aura pas au sein de ce parti un leadership politique capable de devenir en un clin d’œil son dauphin, il y a également crainte qu’il n’y ait pas non plus un progrès social significatif. Le double mandat de Fatshi-Beton court ainsi le risque d’apparaître comme un vrai gâchis, même si on lui reconnaîtra quelques embellies. Cependant, tout porte à croire, ou à faire croire, qu’en dehors de l’UDPS, aucune autre formation politique en RDC n’est vraiment apte à s’investir réellement dans le développement de ce pays. Le score presque stalinien de l’actuel président aux dernières élections présidentielles en RDC a démontré qu’en face de lui, il n’avait pas de concurrents valables.

Est-ce que ceux qui évitent aujourd’hui de faire un diagnostic sans complaisance de la santé du parti au pouvoir, seront-ils capables de reconnaitre leur mauvaise appréciation en cas d’une éventuelle perte du pouvoir ? Et lorsque le cauchemar de cette plausible perte du pouvoir aura élu domicile chez les apparatchiks de l’Union Sacrée, combien de ceux qui entourent actuellement le chef d’Etat congolais auront encore le courage de regarder le professeur Francis Lomami Eliya dans les yeux, lui qu’on voudrait présenter maintenant comme Jérémie, le prophète de malheur ? Et tous ces jouisseurs aux ventres opulents, qui ne vivent plus que de la cueillette, que deviendront-ils lorsque va arriver la période des vaches maigres ?

Ce qui est presque certain, après la période des vaches grasses, L’UDPS risque de devenir un vaste champ en ruine, où l’amertume aura succédé à la grandiloquence, atteste un des supporters de Lomami Eliya. En tout cas, ceux qui ne sont pas frappés de cécité politique savent déjà que lorsque le pouvoir changera de main, beaucoup de ceux qui jouissent des privilèges du régime actuel adopteront la solution la plus fréquente au Congo démocratique : le retournement de la veste. Le poisson ne suit que là où l’eau coule, tel est le principe directeur de ces politiciens sans conscience.

Au finish, les analystes lucides voient en Francis Lomami Eliya un Tshisekediste constructif, parce que nonobstant sa loyauté sans ambages aux idées de son mentor politique, il n’est vraiment pas enfermé dans un carcan extrémiste, comme ceux qui ne jurent que par l’intransigeance politique, ni très disposé à s’associer aux tenants d’une realpolitik complaisante et opportuniste. Toutefois, il modèle sa réaction en fonction de chaque action. Ainsi affirme-t-il haut et fort qu’il considère les alliances politiques actuelles de l’UDPS comme nuisibles aux fondements du Tshisekedisme Fondamental, et craint que leur proximité médiatique puisse « embrouiller » les affidés de l’UDPS lors de prochaines échéances électorales. Aussi estime-t-il que, sans trop les mêler dans la proximité du pouvoir, on pouvait récompenser autrement les alliés.

Malgré sa singularité, il faut noter que le style Lomami Eliya, semble très percutant. La force de ses propositions, qui corroborent sans faille les faits et phénomènes politiques tel qu’enseignés par Ya Tshitshi », fait de lui un Tshisekediste pur-sang. En dépit des attaques fréquentes dont il fait régulièrement l’objet, cet homme entier continue à enseigner sans barguigner la culture politique prônée par le feu Dr Étienne Tshisekedi. En tout état de cause, le souci majeur de cet activiste politique est celui de contribuer à la renaissance du Tshisekedisme originel, dont la requalification idéologique est ouverte à tout débat constructif, même à une remise en question contextuelle, qui ne transgresse toutefois pas ses vrais fondements.

Sammy D’elsan BIALU KALAMBAYI,
Ecrivain et chercheur indépendant’-

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